Succès de foule, samedi soir, à Werchter
Bon Jovi ou une vision "light" hard rock
Avec une pluie fine et tenace,
de la gadoue jusqu'à plus
soif et ses sempiternels embou-
teillage, le site de Werchter a
renoué avec la tradition des
"grands concerts" d'été. Avant
le grand retour des Stones, le
week-end prochain, et le festi-
val, au début de juillet, la plaine
flamande acceuillant, samedi,
l'étape belge de la tournée mon-
diale triomphale de Bon Jovi.

La météo pourtant détestable
n'a en rien altéré l'enthousiasme
et l'héroïsme (ou l'indolence,
c'est selon) de plus de 30000
personnes restées vaillantes
pendant les festivités. Quoi qu'il
en soit, un immense plancher de
120000 m² était installé sur
une bonne partie des lieux, évi-
tant malgré tout aux specta-
teurs d'assisiter au concert de
leur idole les pieds dans l'eau. Si
le public français peut d'estimer
plus verni que nous d'avoir la
clique à Jagger et Bon Jovi à la
même affiche, c'est uniquement
dû à la volonté des enfants du
New Jersey de partager un jour
les planches avec Keith et les
autres. Pas de regrets toutefois
pour les "aficionados" qui au-
ront probablement vécu, same-
di, une formidable soirée.
Après cette vieille canaille de
Little Steven affublé de son nou-
veau groupe, Crow of thorn, et
les turbulents trublions d'Ugly
Fid Joe, Van Halen défendait
vigoureusement son dernier al-
bum, "Balance", illustré sur le
fond de scène par une fresque
géante de sa pochette. Bien que
véhiculant tous les cliché du
genre (solos kilométriques et
compagnie), Sammy Hagar, tou-
jours gaillard, a réussi à chauf-
fer son monde avec notamment
"You Really Got Me", emprunté
aux Kinks, l'inévitable "Jump".
C'est avec une demie-heure
d'avance sur l'horaire officiel
que Jon Bon Jovi a pris posses-
sion des planches. Ecrans
géants, dessins de James
Brown, Chuck Berry et Elvis
comme décor, building sur les
cotés et "light show" à l'ave-
nant. Bien que légèrement es-
quinté par la tournée "Best
of" alors que son tout nouveau
(et peu inspiré) "These Days"
est encore tout chaud, Bon Jovi
a, comme on le dit classique-
ment, offert un concert tout en
générosité et peu en nuance.
Dès l'apparition de la star sur
scène, la foule frise le délire.
Décalage cruel avec un groupe
qui vend ses album par contai-
ners et qui doit être probable-
ment foncièrement intègre dans
sa démarche, mais qui propose
une version "light" de ce que
peut être le hard rock. Difficile
toutefois de se permettre de
jouer les rabat-joie devant une
telle liesse populaire, mais, ce-
pendant, la musique de Bon Jovi
s'oublie aussi vite qu'elle ne
s'écoute. Ce qui ne remet nulle-
ment en cause les qualités hu-
maines de ses membres qui,
aux dires de ceux qui ont ren-
contré les loustics, sont absolu-
ment adorables et charmants.
Enfilant tube sur tube, le groupe
joue sur du velour et met le
public en poche au quart de
tour. "Keep the Faith", dans la
première salve, permet aux fans
de reprendre en choeur le souri-
re aux lèvres. Comme le groupe
n'a pas la grosse tête, deux
bars étaient installés sur scène
et permettaient à quelques privi-
légiés les morceaux de leur
groupe chéri.

Pendant toute la durée du con-
cert (deux bonnes heures), l'am-
biance ne fléchit pas d'un poil,
et Jon et ses compères font
parfaitement leur boulot. Un
"Bad Medicine" en apothéose,
avec deux immenses poupées
gonflables, dont Elvis Presley
affublé en diable (le même que
les Stones lors de leur "Sympa-
thy for the Devil") et une immen-
se rabbit-woman, déclenchent
une ovation prévisible. Tout
comme les rappels où Bon Jovi
fera un rare détour dans son
nouvel album avec "This Ain't a
Love Song". Un traditionnel feu
d'artifice en guise d'au revoir, et
tout le monde de prendre, les
pieds dans la boue, le chemin
du retour...

PHILIPPE MANCHE


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